Chapitre 3

Qu'est-ce que le Kojiki ?

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Le Kojiki n'est pas seulement le plus ancien recueil de chroniques du Japon, mais aussi le plus ancien ouvrage écrit qui nous soit parvenu. Structuré en trois volumes, le Kojiki est considéré comme un recueil de chroniques officielles, reposant sur les recherches et le travail de compilation de fonctionnaires, et achevé durant la période de Nara.

Le premier volume s'ouvre sur une préface et couvre les mythes de la création de l'archipel japonais par les divinités et les légendes qui s'ensuivent. Le deuxième volume couvre l'histoire japonaise du règne de l'empereur Jinmu (considéré comme le premier empereur japonais) jusqu'au règne de l'empereur Ojin (le 15e empereur). Le troisième volume continue du règne de l'empereur Nintoku (le 16e empereur) pour se terminer avec celui de l'impératrice Suiko (33e monarque et première impératrice du Japon).

Le premier volume présente les mythes qui expliquent les origines du Japon, les divinités impliquées dans la création du ciel et de la terre, ainsi que la création de l'archipel japonais. Les deuxième et troisième volumes traitent de périodes historiques, en présentant divers événements et anecdotes tirés du règne de chacun des empereurs ou impératrice, ainsi que leur arbre généalogique. Le style est une combinaison originale de dialogues, de vers, de récits et de commentaires, citant souvent directement les personnages apparaissant dans les récits.

Semblables en cela aux mythologies grecque et romaine, les récits du Kojiki sont riches en intrigues et en drames saisissants, qui sauront être appréciés de nombreux lecteurs étrangers.

Kojiki Q&AKojiki Q&A

  • Où le Kojiki a-t-il été créé ?

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    Le Kojiki a été achevé à Nara, après que la ville de Heijo-kyo a été établie en tant que première capitale permanente du Japon. Le site du palais de Heijo-kyo, le tombeau d'O no Yasumaro, qui publia le Kojiki et d'autres sites en lien avec le Kojiki existent encore à Nara.

    À l'époque, Nara était désignée sous le terme de Yamato, mais la signification de ce terme de « Yamato » a évolué au cours du temps avec l'extension du contrôle impérial. Il est finalement devenu synonyme de l'ensemble du territoire japonais. Dans les récits du Kojiki, « Yamato » peut tout aussi bien désigner Nara qu'une zone plus étendue.

  • Qui a écrit le Kojiki ? Quand ?

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    Si l'on s'en tient à la préface du Kojiki, sa rédaction débuta sous le règne de l'empereur Tenmu à la fin du VIIe siècle, dans le palais d'Asuka, situé sur ce qui est aujourd'hui le site d'Asuka dans la préfecture de Nara, soit de nombreuses années avant que Heijo-kyo ne devienne la capitale.
    Hieda no Are, serviteur de l'empereur Tenmu, qui disposait d'une excellente mémoire, fut désigné pour compiler un nouvel ouvrage historique. Il commença par lire et mémoriser des ouvrages importants et à rassembler des récits de la tradition orale, mais le projet fut laissé inachevé lorsque l'empereur Tenmu décéda.

    À l'automne de l'an 711 après J.-C., après que le climat politique s'est stabilisé et que la nouvelle capitale a été établie à Heijo-kyo, l'impératrice Genmei décida de reprendre le travail de rédaction d'un nouvel ouvrage historique, par respect pour le souhait de son oncle et beau-père, l'empereur Tenmu. O no Yasumaro, qui était en charge des affaires culturelles au palais, fut désigné pour achever cet ouvrage. Il passa quatre mois à revoir les documents recueillis par Hieda no Are. Il les présenta ensuite à l'impératrice Genmei sous la forme du Kojiki, en trois volumes.

    Tous les exemplaires originaux du Kojiki ont malheureusement été perdus. Le plus ancien exemplaire connu toujours existant date de la fin du XIVe siècle.

  • Pourquoi le Kojiki a-t-il été écrit ?

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    Dans la préface de l'ouvrage, O no Yasumaro explique les raisons pour lesquelles le Kojiki a été écrit, citant les mots de l'empereur Tenmu : « Il y a eu nombre de falsifications dans les archives portant sur la généalogie de la famille impériale, et dans les ouvrages historiques conservés par beaucoup de clans. Si nous n'apportons pas une solution rapide à cette situation, la vérité sera perdue à jamais. Le système dynastique est au cœur du système impérial, et je souhaite récuser les informations erronées et créer par là même un compte rendu historique véridique pour les générations futures ».

    De fait, il est vrai que de nombreux documents historiques relatifs à la lignée impériale avaient été perdus durant les guerres civiles du VIIe siècle. Il pourrait s'agir d'une explication possible du besoin ressenti par l'empereur Tenmu d'établir un nouvel ouvrage historique officiel.

    L'empereur Tenmu accéda au pouvoir en vainquant ses ennemis lors de la rébellion de Jinshin qui suivit la mort de son frère, l'empereur Tenchi. La plupart des historiens pensent que l'empereur Tenmu voulait constituer une nouvelle histoire officielle pour renforcer ses prétentions au trône et montrer aux générations futures qu'il était le successeur légitime.

  • Comment fut écrit le Kojiki ?

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    Les Japonais parlent une forme de langue japonaise depuis des temps anciens. Néanmoins, ce langage fut longtemps dépourvu d'expression écrite. Le système moderne d'écriture du japonais, qui recourt à deux syllabaires phonétiques, les hiraganas et les katakanas, ainsi qu'aux kanjis (caractères venus du chinois) n'avait pas encore cours à l'époque de Nara.

    Lorsque le Kojiki a été écrit, les ouvrages officiels étaient écrits en style kanbun, un style dans lequel les kanjis sont principalement utilisés en tant qu'idéogrammes porteur d'un concept, mais aussi, à l'occasion, pour représenter des sons. Le Kojiki fut écrit de cette manière.

    O no Yasumaro se plaignit d'ailleurs de la difficulté qu'il y avait à écrire dans ce style : « Il est difficile de rendre compte d'évènements qui ont eu lieu dans le Japon des temps anciens en recourant uniquement aux kanjis. Certains kanjis sont utilisés pour représenter des idées, tandis que d'autres servent à montrer comment se prononce un mot. J'ai ajouté des notes lorsqu'il était difficile de faire la distinction et de comprendre ce qu'il en était ».

    Le Kojiki étant écrit dans un style totalement différent de celui du japonais moderne, les Japonais d'aujourd'hui le trouvent extrêmement difficile à lire en l'absence de nombreuses notes de bas de page et traductions en japonais moderne.

    Malgré cela, il n'a jamais perdu de sa popularité, parce que ses récits sont profonds et fascinants. Au Japon, l'étude du Kojiki est devenue très populaire au XVIIIe siècle. De nombreuses traductions ont été effectuées en japonais moderne, et de nombreux ouvrages traitant du Kojiki ont été publiés. Plus de dix traductions différentes en japonais moderne sont actuellement proposées à la vente.

  • Notes sur la traduction de récits sélectionnés du Kojiki

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    Le Kojiki est bien connu au Japon. Presque tous les Japonais ont lu ou entendu nombre des histoires qu'il contient. Ces dernières années en particulier, le Kojiki a gagné en popularité, et est considéré comme une façon divertissante d'étudier les origines du Japon et son histoire. Malgré cela, il est relativement méconnu dans le reste du monde.

    La première traduction complète en anglais a été publiée en 1887, et a été suivie de plusieurs autres. Ces traductions sont principalement des travaux académiques destinés aux érudits et aux étudiants en littérature, histoire et religion japonaises. La plupart des noms de personnes et de lieux ont été traduits afin de conserver la signification qu'ils ont dans le texte ancien. Cependant, chaque traducteur ayant une interprétation ou une compréhension différente de la signification de ces noms propres, ils divergent beaucoup d'une traduction à l'autre.

    Notre intention a été de présenter ici l'essentiel du Kojiki dans un langage accessible, afin que le lecteur puisse le lire et l'apprécier sans pour autant être nécessairement familier de l'histoire, de la culture ou de la géographie du Japon.

    Beaucoup de personnes et de divinités apparaissant dans le Kojiki ont des noms longs et insolites lorsqu'ils sont translittérés. Cependant, plutôt que de les traduire, nous avons transcrit ces noms pour qu'ils correspondent à ce que les lecteurs trouveront dans d'autres publications et sur la signalisation des sites à visiter autour de Nara. Lorsque cela pouvait permettre au lecteur de mieux comprendre les récits, nous avons ajouté une traduction de ces noms entre parenthèses.

    Nous avons sélectionné vingt récits tirés des trois volumes du Kojiki, en lien avec des sites touristiques majeurs à Nara. En tant qu'ouvrage historique couvrant une période chronologique étendue, le Kojiki fourmille de longs exposés sur le lignage et la généalogie des empereurs et des nobles qui apparaissent dans les récits. Nous n'avons pas inclus ces passages, qui seraient fastidieux pour un lecteur non spécialisé. Les récits tirés du Kojiki que l'on trouvera ici sont donc simplifiés par rapport aux originaux.

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